Télétravail en entreprise : les limites du système

Si le télétravail peut présenter un gain significatif en termes de temps de transport pour les employés, le télétravail a également ses contradicteurs, y compris parmis les dirigeants d’entreprises.

Dans un « rapport interne » publié en février 2013 par le Wall Street Journal, la directrice de la société Yahoo! s’engageait résolument contre la tendance des entreprises technologiques à de plus en plus privilégier le télétravail. Elle y estimait en effet que:

« La vitesse et la qualité sont souvent sacrifiées quand on travaille de la maison. Nous avons besoin d’être un Yahoo! uni, et cela commence en étant physiquement ensemble. » (La directrice de Yahoo! en croisade contre le télétravail, Le Monde, 27.02.2013)

Au moment de la publication de l’étude du Prof. Gassmann (voir l’article « Les bénéfices attendus d’un système de télétravail »), une de ses collègues et directrice de l’Institut pour la gestion du personnel de l’Université de St-Gall, le Prof. Heike Bruch, s’inscrivait dans la même ligne:

« […] les télétravailleurs ont besoin d’un échange avec leurs collègues pour discuter des problèmes et faire avancer ensemble des projets. L’absence de contacts professionnels se traduit presque toujours par une baisse de productivité. Les employeurs n’ont donc pas intérêt à forcer les employés à travailler chez eux. » (Télétravail et réalité, Agefi, 28.09.12)

Enfin, un article de 24Emploi paru en mars 2014 et intitulé « Le télétravail ne fait pas l’unanimité chez les patrons et les employés », détaillait les résultats d’une étude auprès de PME d’une fédération patronale de Suisse Romande:

« Parmi les entreprises qui ont participé à l’enquête, 478 sur 571 ne pratiquent pas le télétravail et 206 d’entre elles n’ont pas l’intention de le faire à l’avenir. »

[…] 

« Parmi la majorité des entreprises vaudoises qui refusent le télétravail, l’enquête révèle les arguments principaux suivants: l’activité de l’entreprise n’est nullement compatible avec le télétravail, elle nécessite de la coordination, de l’interaction et d’autres facteurs qui imposent la présence des collaborateurs. Sont également avancés l’importance du contact avec la clientèle, la confidentialité des données et la nécessité de conserver les documents dans l’entreprise ou encore la difficulté du contrôle du télétravail et le coût de sa mise en œuvre. »

Et de conclure:

« Même les partisans du télétravail admettent que celui-là a ses limites et que son introduction impose certaines précautions, à commencer par la désignation et la formation des personnes qui le pratiqueront, la nécessité de préserver une forme de collaboration efficace et de mesurer les résultats. »

[…]

« Sans surprise, l’enquête révèle que ce sont avant tout les tâches administratives (secrétariat, facturation, salaires, etc.) qui sont concernées par le télétravail. »

Il semble donc que ce mode de travail, pour fonctionner, nécessite l’application de certains principes de la part de l’organisation qui veut le mettre en œuvre. Nous allons tenter de les identifier dans l’article suivant, intitulé « Les conditions de succès d’un système de télétravail ».

Auteurs: Antoine Zong-Naba, Vincent Held

A lire également: